En 1914, CERNAY compte environ 5200 habitants mais avec le début de la guerre, de nombreux Cernéens sont mobilisés dans l’armée allemande.
Le 8 août 1914 à 17h00, CERNAY est occupé par le 133ème R.I. qui débouche de la vallée de la Thur et défile, musique en tête sous la Porte de Thann. Le régiment est suivi par le 15ème Bataillon de Chasseurs Alpins et d'une batterie du 4ème Régiment d'Artillerie. Mais les allemands du XVème corps d'armée sous les ordres du général Von Deimling contre-attaquent et réoccupent la ville le 10 août.
Le 16 août, voit le retour des troupes françaises (chasseurs alpins et artilleurs) qui réussiront à s'y maintenir jusqu’au retour des allemands, le 28 août.
Les 8 et 9 septembre, la ville défendue par les allemands est sous le feu de l’artillerie française. De nombreux Cernéens sont arrêtés et incarcérés à MULHOUSE ou conduits dans des camps de travail, au motif de sympathie avec l’ennemi, voire espionnage. A partir du 14 septembre 1914, des hommes sont réquisitionnés pour des travaux de terrassement et CERNAY devient une ville du front. Le 8 octobre 1914, le roi du Wurtemberg passe à CERNAY pour saluer et encourager ses troupes. Le 11 novembre, la population se rend au Massengrab (fosse commune et cimetière improvisé) pour y déposer deux couronnes, avec les soldats allemands. Près de 200 civils alsaciens sont tués dans le secteur. Plus de 3600 civils et militaires, blessés ou malades sont soignés dans l'ancienne salle du Progrès, au tribunal et dans les écoles. En décembre 1914, de violents combats se déroulent dans le village voisin de STEINBACH. Le 30 décembre, les « Diables Rouges » du 152ème R.I., sont à l’action. L’ordre est donné à 7 heures du soir aux Cernéens d’évacuer à leur tour la ville avant l’aube. La population sera évacuée en premier vers WITTELSHEIM, STAFFELFELDEN, WITTENHEIM et ENSISHEIM puis dispersée dans 108 communes d’Alsace et d’Outre-Rhin. Le front se stabilise entre CERNAY et STEINBACH jusqu’à l’armistice. La commune est alors déclarée sinistrée à 100% et a droit à la Croix de Guerre dans ses armoiries. Le 19 août 1918, le président Poincaré accompagné par le maire Pierre Burtschell parcourt une ville fantôme. En 1921, on ne dénombrera qu'environ 2900 habitants qui vont peu à peu reconstruire la cité.
Eglise Saint-Etienne à CERNAY, touchée par l'artillerie française
Les habitations de la Grand'rue (actuelle Rue Raymond Poincaré) détruites par les bombardements
Entrée ouest de CERNAY avec une vue de la porte de Thann
La porte de Thann où une barricade a été mise en place par les soldats allemands
Restaurant "Zum Stadt Mulhausen" touché par un obus (actuelle Hostellerie d'Alsace à l'angle des rues Poincaré et de Wittelsheim).
Le carrefour central à CERNAY (à l'angle actuel des rues de Thann et du Vieil Armand)

Vue de la rue du Marché, à gauche de l'église St-Etienne où toutes les habitations ont été touchées par l'artillerie. Les habitations adossées à l'église n'ont pas été reconstruites après guerre et ont laissé place à l'actuel parking (rue du Maréchal Foch)

La rue de Thann à hauteur de l'église

Vue de la tour médiévale durant la 1ère guerre mondiale

Bâtiments bombardés par les français
Extrait du journal de guerre de Marie-Claire Mengès, janvier 1915 : " Il n'y a pas de spectacle plus navrant que tous ces fugitifs arrivés à Dornach, traînant les quelques meubles et objets qu'ils ont pu sauver. Plus de trente véhicules sont ainsi alignés, sous la pluie battante le long de la rue de Belfort, presque jusqu'à Niedermorschwiller. [...] Les fugitifs continuent à passer. Un petit garçon habitant Cernay, dont le père et la mère furent tués par un éclat d'obus, fit le chemin à pied jusqu'à Mulhouse avec un bébé de 3 mois dans un sac à dos ".
Témoignage d'un réfugié de Cernay, janvier 1915 : " L'évacuation s'est faite de nuit, avec la défense de faire de la lumière. C'est donc dans l'obscurité la plus complète que les habitants se virent forcés de faire leurs paquets. Déjà la veille, les soldats allemands, sans se gêner, prenaient dans les maisons ce qui était à leur convenance et, quand les propriétaires essayaient de protester, ils leur répondaient : - Vous ne pouvez tout de même pas emporter toutes ces choses et demain, que vous veuillez ou non, tout sera à nous. - Puis, comme l'évacuation n'allait pas assez vite à leur gré, ils enfoncèrent les portes à coups de crosse et mirent les habitants dans la rue. Ces malheureux avaient dû marcher jusqu'à Mulhouse, traînant sur des charrettes à bras leur literie et quelques objets indispensables, voire les malades et les impotents. Cernay étant sous le feu de l'artillerie française, l'évacuation des habitants étaient une mesure prudente qui s'imposait, sans doute, mais fallait-il qu'elle se fit dans les deux heures et sans aide d'aucune sorte ? "
Autre témoignage d'un réfugié de Cernay, janvier 1915 : " Durant cinq mois, la ville a subi toutes les misères de la guerre. Une fois allemande, par la suite française, puis à nouveau allemande, elle a été l'enjeu des deux adversaires. Jour et nuit, nous étions en danger de mort. Autour de nous, des morts, des fosses communes. La nuit, pas la moindre lumière n'était autorisée; nous vivions dans l'obscurité complète ! En plus, nous sûbimes des avalanches d'obus et de tirs divers. Et puis, pour les incendies, pas moyen d'intervenir pour les éteindre. Le pire s'est passé entre Noël et le jour de l'An. Dans la nuit du 1er au 2 janvier, sous une pluie battante, nous étions obligés de quitter la ville en feu, laissant tous nos biens sur place, comme les Juifs ont dû fuir la ville détruite de Jérusalem."